La place du pharmacien d’officine dans la recherche médicale en milieu libéral

Oct 3, 2024

Le métier de pharmacien d’officine est en constante mutation. Le pharmacien continue plus que jamais à être ce précieux intermédiaire entre le médicament, la prescription médicale, et le patient ancré dans son quotidien et son espace familier. Notre parcours scientifique nous a permis de devenir des spécialistes de la chimie et d’être garants de la sécurité du patient.

De nouvelles missions se développent : nous pouvons désormais vacciner, tester. En plus de nos missions de santé, l’équipe officinale a eu un rôle social central pendant la période covid.

Le pharmacien est l’un des professionnels de santé le plus accessible, sans rendez-vous, et pourrait devenir le coordinateur de la santé des Français. Demain, les pharmaciens pourront prescrire, modifier la prescription du médecin en cas de rupture…

Dans l’Actu – L’Assemblée nationale a autorisé les pharmaciens à délivrer sans ordonnance et sous conditions des médicaments pour des pathologies bénignes, comme des cystites aiguës ou des angines en cas de test positif.

L’objectif est avant tout d’agir dans l’intérêt du patient, en particulier dans un contexte de désertification médicale, et ce en collaboration avec une équipe pluriprofessionnelle centrée autour du parcours de soins du patient.

Alors que les études en vie réelle se multiplient, les pharmaciens sont des producteurs de données permettant d’évaluer l’utilisation des produits de santé, l’observance ou les effets indésirables. Le décret du 3 octobre 2018 relatif aux conseils et prestations en officine inscrit comme l’une des missions du pharmacien la participation à « des actions d’évaluation en vie réelle des médicaments, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique en collaboration avec les autorités sanitaires ».

On Questionne – Ces études permettent en effet de recueillir des données sur les conditions d’utilisation des médicaments dans la « vraie vie » afin d’avoir une photographie de ce qui se passe en pratique. Qui utilise le médicament ? Comment est-il utilisé ? Quels sont ses effets indésirables ? Quelle est son efficacité sur des patients âgés ou qui ont des maladies qui les excluent des études cliniques ? Quelles sont les consommations de médicaments dans une indication hors AMM ?

Pharmacie - La place du pharmacien d’officine dans la recherche médicale en milieu libéral

Ces études dites observationnelles deviennent ainsi essentielles dans le cycle de vie du médicament et de sa connaissance scientifique. La pharmacie est un lieu central lorsqu’il s’agit de recueillir l’expérience de nos patients. Ils nous sont généralement fidèles, et il y a peu de perdus de vue.

Le métier de pharmacien, ce n’est pas de pousser des boîtes sur prescription médicale. À la base nous sommes les « gardiens des poisons » et les garants de leur bonne utilisation. Il me semble clair que le pharmacien a un rôle central à jouer dans le système de santé qui se dessine.

Être pharmacien, c’est collaborer, communiquer, participer au parcours de soin, innover, et ce autour du patient pour décloisonner l’information pour des questions évidentes de qualité des soins.

Cette activité est une nouvelle perspective qui s’ouvre à notre profession et qui nous permet encore de nous diversifier. Certaines pharmacies participent par exemple à la dispensation du cannabis médical dans le cadre d’une expérimentation nationale. Ces études peuvent aussi s’appuyer sur des questionnaires administrés par les professionnels de santé : les médecins mais aussi les pharmaciens, et ce afin de recueillir l’expérience des patients, leur observance à un traitement donné. L’équipe officinale pourrait ainsi détecter les patients atteints de maladies chroniques éligibles à la transmission de données en vie réelle, le comptoir étant un lieu d’échange régulier avec le patient. Cette activité peut bien évidemment paraître chronophage, mais la recherche biomédicale génère toutefois une rémunération qui rend l’activité viable et attractive.

Prendre part à ce type de projet remplit, il me semble, tout à fait ces objectifs, tout en participant à l’évolution de notre système de santé et en faisant valoir notre valeur ajoutée.

Claire Okaïs

Claire OKAÏS, pharmacien d’officine, épidémiologiste

“Pharmacien épidémiologiste, je ne me destinais initialement pas à la pharmacie d’officine. Lors de mon internat, j’ai pris goût à la santé publique et la recherche biomédicale. Après près de 10 années passées dans l’industrie pharmaceutique, j’ai souhaité retourner en officine car le contact direct avec le patient me manquait. J’ai été agréablement surprise lors de ce changement de voie. »

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